Interview croisée de Charline Marillier et de Florian Petitcollin
Samedi 17 août, dans la petite ville de Villablino en Espagne s’est déroulé les Championnats du monde de de Skate Cross.
Avant de parler de la compétition, pourriez-vous vous présenter brièvement ?
Charline : J’ai 26 ans, je fais du roller en club chez AMSports depuis plus de 10 ans, essentiellement du street. Depuis 3 ans je me suis spécialisée dans le skate Cross, c’est Florian qui m’a transmis le virus. Depuis, je navigue entre la 5ème et la 3ème place mondiale.
Florian : J’ai 31 ans, je fais du roller depuis toujours ! Spécialisé dans le street, je me suis orienté vers le skate-cross il y a 4 ans, puis la hauteur pure il y a 2 ans. J’ai gagné plusieurs fois le titre de champion du monde, en skate cross et en hauteur où je suis aussi détenteur du record mondial depuis 1 mois (1m62). Je fais aussi un peu de 100m et du roller-hockey.
photo : Charline. Crédit : Luis Velasco Hevia
Et en dehors du roller ?
Charline : Je travaille dans un cabinet d’experts comptable à Dijon.
Florian : Je suis éducateur sportif et entraîneur de roller chez AM Sports. Charline est une de mes élève !
Parlons de cette compétition, déjà, l’atmosphère de la course ?
Charline : Elle s’est déroulée dans une petite ville dans les montagnes du nord de l’Espagne, il y avait pourtant énormément de publique, du jamais vu ! Notre compétition de Skate-Cross était englobée dans la compétition Alpine, qui draine pas mal de monde. Alors beaucoup de monde de l’Alpine se sont inscrits sur le skate-cross, il y avait plus de concurrence que d’habitude !
Florian : Ah oui, le public ça change, ça porte, c’est dingue ! Il était en feu à chaque saut ! Le Skate-Cross était prévu le dimanche, mais la météo annoncée pluvieuse a contraint les organisateurs à avancer au samedi. Nous avons roulé le soir, et les conditions nocturnes ont perturbé les runs à partir des ¼ de finales. La nuit, les repères ne sont pas les mêmes. Mais finalement, cela nous a plutôt bien réussi !
photo : Charline. Crédit : Luis Velasco Hevia
Et vos runs, comment ça s’est passé, déjà les qualifs ?
Charline : le timing était serré à cause de cette réorganisation ! Nous avons commencé à 18 h, nous n’avions que 3 trainings chacun ! J’ai découvert une piste très technique, difficile avec une pente à 6% et un virage à 90°, ponctuée de gros modules (fun box de 8m de long). J’ai tout de suite compris qu’il fallait rester prudent pour éviter les chutes.
Ensuite 2 runs de qualifs. J’ai chuté au 1er run mais me suis quand même relevée pour passer la ligne. J’ai bien assuré le 2ème run en signant le 5ème temps des qualifs en 36’05’’, sur 11 filles engagées.
Florian : j’étais un peu en manque de confiance avant l’épreuve car j’étais concentré cette saison sur les championnats du monde de hauteur pure qui ont eu lieu début juillet, et j’avais moins d’entrainement sur le skate-cross. Sur ce parcours technique et difficile, j’ai vite compris qu’il fallait partir fort et patiner pour pousser le plus possible. J’ai réalisé de justesse 1er temps au 1er run. Je me suis un peu amusé sur le 2ème run, j’ai fait le show, avec une petite chute sans importance, qui m’a permis te taper dans les mains du public !
photo : Florian. Crédit : Luis Velasco Hevia
Et pour la suite ?
Charline :
Pour les ¼ de finales il était 22h ! Roulage de nuit, une première pour moi, expérience sympa. Les repères changent mais cela ne m’a pas trop gêné. Le hasard du tirage au sort m’a favorisé et j’ai pu accéder facilement aux ½ finales.
Pour les ½ finales j’étais contre une française déjà 4x championne du monde, une espagnole et une allemande. L’espagnole et l’allemande prennent trop de risques et chutent. J’arrive donc 2ème et je passe en finale !
Finales : Nous sommes 2 françaises contre 2 italiennes et toutes les 3 ont déjà au moins été une fois championne du monde. Je suis donc là un peu en outsider. Comme mon objectif d’arriver en finale était atteint, je me suis élancée sans pression. Les autres ont pris un peu trop de risque… Mon amie Mathilde chute au 1er module, Francesca au 2ème module, je remonte en 2ème position. Puis au 3ème module Alice chute, me laissant seule en tête. Il reste 2 modules, j’arrive bien à doser entre la prudence pour ne pas tomber et la rapidité pour ne pas laisser revenir les autres qui se sont relevées. Et ça fonctionne, lorsque je passe la ligne en tête, je n’en crois pas mes yeux, j’ai gagné ! J’ai gagné les Championnats du Monde, je suis championne du monde ! Je suis super heureuse, mais je n’arrive pas à réaliser !
Florian :
Les runs de nuit m’ont assez perturbé, mais j’ai malgré tout bien assuré. Grâce à mon start puissant et à un changement de roues, il fallait vraiment réussir à s’arracher des starts à chaque fois, mais j’ai toujours réussi à passer devant sur le 1er module pour attaquer le 1er virage en tête, et maîtriser la suite du parcours, avec des runs rapides, en patinant le plus possible, mais malgré tout sans prendre de risque. J’ai franchi les 2 étapes des ¼ et des ½ finales. D’autres adversaires ont moins bien dosés et sont sortis de la piste.
Les garçons passent après les filles, et quand j’ai appris que Charline avait gagné la finale, j’ai halluciné, j’étais trop content ! Je voulais absolument faire le doublé ! Mais j’ai su rester concentré pour ma propre finale. Je savais que le Russe était très fort et qu’il fallait que je passe en tête dès le début pour ne pas me faire gêner.
Après le start, nous arrivons tous les 2 au coude à coude sur le 1er module, mais j’avais un peu plus de vitesse que lui et j’ai pris l’avantage. Je suis bien resté concentré sur le tracé, optimisé au maximum les trajectoires et ai réussi à garder l’avantage jusqu’à la ligne d’arrivée. Et au final, je gagne, je gagne ce trophée pour la 4ème fois, c’est fou ! Et Charline qui gagne aussi, c’était un moment magique.
Charline
Je confirme, c’était complètement dingue ! En plus on a gagné des supers lots, c’est assez rare pour le souligner : 3 trophées, un prize money, et des supers platines carbone FRSkate.
Le retour à Dijon a été assez compliqué pour les deux, mais avec nos énormes trophées, nous étions les plus heureux !
photo : Charline. Crédit : Luis Velasco Hevia